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Refusée à l’hôpital car elle ne parlait pas néerlandais, une femme belge en pleine fausse couche arrêtée

Une affaire qui soulève des questions sur la discrimination linguistique et l’accueil des patients dans les hôpitaux belges fait actuellement grand bruit. Une femme en pleine fausse couche aurait été mal prise en charge, puis arrêtée par la police, après s’être présentée aux urgences. Son cas met en lumière des tensions persistantes dans un pays où la question linguistique reste sensible.

Un accueil controversé aux urgences

Aux premières heures du 14 octobre, vers 5 heures du matin, une quadragénaire s’est présentée à l’hôpital UZ Brussels. Souffrant de douleurs aiguës et de saignements, elle cherchait une prise en charge médicale urgente pour ce qu’elle soupçonnait être une fausse couche.

Selon les déclarations de son avocate, Selma Benkhelifa, la situation a rapidement dégénéré lorsque le personnel médical a constaté que la patiente ne maîtrisait pas le néerlandais. « On lui a reproché de ne pas parler néerlandais », affirme l’avocate.

La prise en charge médicale aurait été minimale : une simple prise de tension artérielle, suivie de l’administration d’un analgésique par le personnel infirmier, sans examen approfondi de son état.

De l’hôpital au commissariat

La situation s’est ensuite aggravée. Le médecin aurait contesté l’état de grossesse de la patiente et appelé le service de sécurité pour la faire sortir de l’établissement. Face à cette situation, les forces de l’ordre ont été sollicitées.

La police est intervenue et a procédé à une arrestation administrative de la quadragénaire, qui a été conduite au commissariat de Molenbeek. Les autorités de la zone de police Bruxelles Ouest ont confirmé cette intervention, mentionnant un « comportement récalcitrant » de la part de la patiente.

Traitement contesté en détention

Au commissariat, la situation se serait encore détériorée. L’avocate rapporte que sa cliente aurait subi des insultes et aurait été placée en cellule malgré son état de santé préoccupant. Une policière lui aurait notamment lancé : « Ferme ta gueule ».

Face à la détérioration de son état, une ambulance a finalement été appelée pour la transporter à nouveau vers un établissement hospitalier.

Confirmation médicale et actions juridiques

C’est à la clinique Sainte-Anne Saint-Rémi que la patiente a enfin reçu un diagnostic confirmant sa fausse couche. Cette confirmation médicale vient contredire l’évaluation initiale faite à l’UZ Brussels.

Suite à ces événements, une plainte a été déposée à la fois auprès du Comité P, l’organe de contrôle des services de police, et contre l’hôpital pour discrimination.

Un problème systémique ?

L’avocate Selma Benkhelifa évoque un phénomène plus large, faisant référence à ce que certains professionnels appellent « le syndrome méditerranéen », une forme de stéréotype raciste présent dans le milieu médical belge qui tendrait à minimiser les plaintes de certains patients d’origine étrangère.

Cette affaire soulève des questions fondamentales sur l’accès aux soins de santé pour les personnes ne maîtrisant pas la langue locale, et sur les mécanismes institutionnels qui peuvent conduire à des situations de discrimination.

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