Ex-banquier genevois de 75 ans jugé pour avoir détourné 14 millions de francs à son ami
Un scandale financier secoue la Suisse alors qu’un ancien gestionnaire de fortune septuagénaire fait face à la justice pour des accusations graves d’abus de confiance. Le procès, qui met en lumière une amitié brisée par l’appât du gain, soulève des questions troublantes sur la confiance dans le secteur bancaire helvétique.
Une amitié de plusieurs décennies trahie par l’argent
Le 11 juin dernier, un retraité genevois de 75 ans, ancien gérant de fortune, s’est retrouvé devant le tribunal pour répondre d’accusations particulièrement graves. L’homme est soupçonné d’avoir abusé de la confiance d’un ressortissant belge de 78 ans, décrit comme un ami proche depuis plusieurs dizaines d’années.
Le Ministère public de la Confédération (MPC) n’y va pas de main morte dans son acte d’accusation, reprochant au prévenu des faits d’abus de confiance aggravé, accompagnés de falsification de documents et de blanchiment d’argent à répétition.
Des millions détournés sur plusieurs années
L’enquête révèle un système frauduleux mis en place sur une longue période. Entre 2009 et 2015, l’ancien banquier aurait détourné plus de 14 millions de francs suisses appartenant à son ami belge. Pour masquer ses agissements, il aurait régulièrement fourni des relevés bancaires falsifiés à la victime.
Ces fonds détournés n’auraient pas servi à des investissements légitimes, mais auraient été utilisés pour financer le train de vie personnel du prévenu et pour réaliser des investissements en République dominicaine, loin des regards de la victime et des autorités suisses.
La défense du prévenu: une entente amicale mal interprétée?
Face aux accusations, l’ancien gestionnaire de fortune a tenté de justifier ses actions par une prétendue entente avec son ami. Selon lui, ils auraient créé ensemble une structure commerciale dans un but précis.
« Pour dissimuler l’identité du plaignant par rapport à ces fonds », a-t-il expliqué devant le tribunal, affirmant qu’il disposait d’une liberté totale quant à l’utilisation de l’argent.
Il a également tenté de minimiser toute intention d’enrichissement personnel en déclarant: « J’avais l’intention de financer des projets, mais jamais de m’enrichir ».
Des documents falsifiés « pour préserver l’amitié »
Concernant les relevés bancaires modifiés, l’accusé n’a pas nié les faits, mais a proposé une explication surprenante. Il a reconnu avoir falsifié ces documents, tout en affirmant avoir agi à la demande de son client belge, et ce, pour « préserver (leur) amitié ».
Cette version des faits, difficilement vérifiable, n’a visiblement pas convaincu le Ministère public, qui a maintenu l’intégralité des charges contre l’ancien banquier.
Une peine sévère requise par le procureur
Face à la gravité des faits reprochés, le procureur a requis une peine exemplaire contre l’ex-gérant de fortune. Près de six ans de prison – précisément 5 ans et 11 mois de privation de liberté – sont demandés par l’accusation.
En plus de cette peine d’emprisonnement, le Ministère public réclame également une créance compensatoire dépassant les 14 millions de francs suisses, correspondant au montant estimé des détournements.
Le tribunal rendra son verdict dans cette affaire le 11 juillet prochain, laissant le prévenu dans l’incertitude quant à son avenir pour les semaines à venir.