Condamnée à 6 ans de prison pour avoir tué son conjoint violent
Les violences conjugales font régulièrement la une des médias lorsqu’elles se terminent en tragédie. Dans les Yvelines, une affaire récente illustre la complexité de ces situations où une victime devient auteure d’un homicide. La justice a tranché dans ce drame qui mêle emprise, violences et issue fatale.
Une soirée d’avril qui tourne au drame
Le 3 avril 2023, une intervention des secours dans un appartement de Vaux-sur-Seine bouleverse la quiétude du square du Temple. À 21h40, les équipes d’urgence découvrent une scène chaotique qui témoigne d’un violent affrontement entre deux personnes.
Sur place, Cathy Belery est retrouvée en état d’ébriété avancé et couverte de sang. À proximité, son compagnon Youssef Mastari, 51 ans, présente une blessure grave à la cuisse. L’appartement porte les stigmates d’une violente altercation : objets cassés, cheveux arrachés et traces évidentes de lutte.
Les forces de l’ordre saisissent rapidement deux couteaux, l’un dans la cuisine, l’autre dans le salon. Ces armes blanches constituent des pièces à conviction essentielles pour comprendre le déroulement des faits.
Des examens révélateurs
Les analyses toxicologiques pratiquées sur Cathy Belery révèlent la présence d’alcool et de cannabis dans son organisme au moment des faits. Ces substances ont pu altérer son discernement lors de la confrontation avec son compagnon.
Transporté d’urgence à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, Youssef Mastari ne survivra pas à ses blessures. Le coup de couteau a sectionné son artère fémorale, provoquant une hémorragie massive et fatale.
La version de l’accusée : entre peur et désespoir
Lors de son procès devant la cour criminelle de Versailles, Cathy Belery a livré sa version des événements. Elle a reconnu avoir agi sous l’emprise de la peur face aux comportements violents de son conjoint.
« J’ai eu peur de mourir sous ses coups », a-t-elle confié aux magistrats, décrivant une relation marquée par l’emprise et les violences répétées.
D’après son témoignage, la dispute aurait débuté pour un motif apparemment anodin. Son compagnon aurait « monté à fond » le volume de la télévision, déclenchant une altercation qui a rapidement dégénéré.
Un enchaînement fatal
Cathy Belery a détaillé comment la situation s’est détériorée. Selon ses déclarations, Youssef Mastari l’aurait fait chuter au sol, l’aurait saisie par les cheveux et l’aurait frappée à plusieurs reprises.
La suite des événements reste floue et contestée. L’accusée affirme que son conjoint, alors qu’il se trouvait au-dessus d’elle, se serait lui-même empalé sur la lame qu’elle tenait. Cette version des faits a été soigneusement examinée par les magistrats.
Une décision de justice mesurée
Au terme du procès, la cour criminelle de Versailles a prononcé une peine de six ans d’emprisonnement ferme à l’encontre de Cathy Belery. Cette sentence tient compte à la fois de la gravité des faits et du contexte de violences conjugales dans lequel ils se sont produits.
Les défenseurs de l’accusée, Me Tarek Koraitem et Sophie Asselin, ont accueilli cette décision avec une certaine satisfaction. Ils ont déclaré que « la peine prononcée par la cour est un quantum raisonnable compte tenu du contexte et de la nature des faits. La cour criminelle a bien compris qu’elle était sous emprise et qu’elle a agi par peur d’être tuée ».
Cette affaire soulève des questions fondamentales sur la légitime défense dans le cadre des violences conjugales et sur l’évaluation judiciaire de l’état de nécessité lorsqu’une victime d’emprise devient auteure d’un homicide.
La condamnation de Cathy Belery, tout en reconnaissant sa responsabilité pénale, semble également prendre en considération le contexte particulier dans lequel le drame s’est noué, rappelant la complexité de ces affaires où s’entremêlent violence, peur et désespoir.